biochimiques
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LES ACCIDENTS BIOCHIMIQUES DE LA PLONGEE



Ils sont liés à la toxicité des gaz sur l'organisme, conséquences des lois de Dalton et Henry.
Le risque de ces accidents croit avec la profondeur.
Leur traiement comprendra toujours une remontée immédiate.


I°/ INTRODUCTION :

La toxicité d'un gaz sur l'organisme est proportionnelle à sa pression partielle. Pour chaque gaz, on définit un seuil de toxicité lié à une pression partielle donnée.
En plongée, la pression partielle d'un gaz augmente avec la profondeur, il y aura donc une profondeur limite d'utilisation de chaque mélange respiratoire.


II°/ TOXICITE DU GAZ CARBONIQUE :

Le gaz carbonique peut avoir 2 origines :
* exogène : présent dans l'air comprimé
* endogène : déchet de la respiration cellulaire éliminé normalement par la respiration

Profondeur % CO2 Pi CO2 Signes cliniques
0 1 10 aucun signe, organisme insensible
10 2 20 légère hyperventilation
30 4 40 essoufflement, maux de tête
50 6 60 essouflement, narcose
60 7 70 essoufflement, vertiges, vomissements, narcose grave
70 8 80 vertiges, stupeur, perte de connaissance
Exemple : toxicité d'un air pollué par 1 % de CO2


    A) CO2 EXOGENE :

Le CO2 est normalement présent dans l'air atmosphérique à l'état de traces (0,02 à 0,03 % soit 0,2 à 0,3 mbar).
La toxicité du CO2 pour l'organisme débute pour des pressions partielles de 20 à 30 mbar. Pour de l'air atmosphérique normal, la toxicité du CO2 ne dé&buterait donc que pour des pressions de 100 bars, correspondant à des profondeurs de 900 m environ. La toxicité du CO2 n'est donc pas un facteur limitatif de la plongée si les bouteilles sont gonflées avec de l'air non pollué.
Le danger du gaz carbonique résulte de la compression d'air pollué (air confiné, présence de combustion à proximité du compresseur).


PREVENTION :

La prévention de ces accidents passe par le contrôle de l'air et le respect des règles de sécurité du gonflage.


    B) CO2 ENDOGENE, L''ESSOUFFLEMENT :

En cas d'effort physique, il y a naturellement une augmentation de la respiration : hyperventilation, liée d'abord à des réflexes neurologiques puis à des phénomènes humoraux (augmentation de la capnie). Cette hyperventilation est accompagnée d'une augmentation du débit circulatoire. Ces réactions, qui augmentent l'élimination du CO2, provoquent un travail musculaire et donc une augmentation de la production de gaz carbonique.

En plongée :
* l'adaptation à l'effort est diminuée par une chute des rendements respiratoires et circulatoires, et par une plus grande production de gaz carbonique
* l'espace mort respiratoire est augmenté par la présence du détendeur
* les débits ventilatoires sont limités par la respiration par la bouche seule et par la limite de débit des détendeurs (environ 150 l/min)
Il y a donc un risque d'essouflement malin, où la production de CO2 par l'organisme devient supérieure aux possibilités d'élimination, aboutissant à la narcose au CO2 ou à la noyade.


CAUSES :

* Emotivité, peur, facteurs psychologiques
* Froid
* Mauvaise technique de palmage
* Efforts importants (courant, houle, travail sous marin)
* Mauvais contrôle de la respiration
* Palmage avec tuba inadapté
* Hésitation à passer sur réserve
* Panique


SIGNES :

* Disparition de la pause de fin de cycle respiratoire
* Hyperventilation angoisse
* Céphalées
* Nausées, vomissements, vertiges
* Narcose, perte de connaissance


TRAITEMENT :

Au cours de la plongée :
* Suspendre toute activité physique
* Adopter une position ou le détendeur est en équipression
* Reprendre le contrôle de la respiration en forçant sur l'expiration
* Se faire remonter si possible de quelques mètres
* Calmer et assister en le remontant le plongeur essoufflé

Attention , l'excès de CO2 favorise la formation des bulles d'azote dans le sang, il est préférable de prendre un temps supérieur sur la table de décompression.

A terre :
* Réanimation si besoin
* Repos
* Inhalation d'oxygène


PREVENTION :

* Avoir une bonne aisance dans l'eau
* Ajuster ses efforts physiques
* Ne pas s'immerger avec un début d'essoufflement
* Se protéger du froid
* Contrôler sa respiration
* Se mêfier des courants, connaître le plan d'eau
* Immobilisation du plongeur qui panique
* Passer tôt sur réserve


III°/ TOXICITE DE L'OXYGENE :

La pression partielle d'oxygène dans l'air respiré doit normalement être comprise entre 0,17 et 0,5 bar. Cette pression partielle augmentant avec la profondeur, les phénomènes d'hypoxye ne sont pas à craindre lors d'une plongée avec scaphandre. Par contre, les phénomènes d'hyperoxie peuvent apparaître et se manisfester de 2 manières.


EFFET LORRAIN-SMITH :


C'est une pneumo toxicité, liée à une exposition chronique à une atmosphère contenant plus de 0,5 b d'oxygène. Cette exposition provoque une destruction du surfactant, suivit d'un oedème péribronchique et alvéolaire, puis d'atélectasies. Ces lésions surviennent après 6 heures d'exposition, elles sont d'abord réversibles, puis finissent par se fixer.
Cette toxicité concerne peu le plongeur autonome qui respire avec de l'air, elle ne peut apparaître que pour une plongée de plus de 8 heures à plus de 20 m de profondeur, situation qui n'est observée que chez les travailleurs sous marins ou après des séances de caisson prolongées.


EFFET PAUL BERT :

Cet effet est lié à une véritable intoxication des cellules nerveuses à l'oxygène. Il apparaît pour une exposition à l'oxygène pur à plus de 1,7 b ou à un mélange contenant plus de 2 b de pression partielle d'oxygène.
Il apparaît très vite lors d'une activité physique, au repos son délai de latence est de 7 heures à 1,5 bar et de 2 heures à 2 bars d'oxygène pur.
Cet effet se manifeste par une crise épileptiforme, dont la phase initiale, inconstante, pouvant apparaître quelques secondes avant la crise, est caractérisée par une sensation d'oppression, des clonies, des crampes musculaires, un trismus, un rétrécissement du champ visuel ou des troubles auditifs, n'étant pa stoujours reconnus par le plongeur.

La crise se déroule en 3 phases :
    - tonique : cris, contracture du corps
    - clonique : convulsion généralisée de 3 à 4 min
    - coma
    - après la crise, on abserve une confusion, une amnésie de la crise, une asthénie très intense.


TRAITEMENT :

Le traitement consiste à faire cesser l'inhalation d'oxygène.


PREVENTION :

La prévention consiste à ne pas plonger à plus de 7 m en oxygène pur, et à plus de 85 m avec un mélange normoxique (pression partielle d'oxygène inférieure à 1,7 b). Le risque reste important lors des plongées thérapeutiques, en eau ou en caisson.


IV°/ TOXICITE DE L'AZOTE :

La toxicité de l'azote est liée à son action quand il se dissout dans les graisses des tissus nerveux. Il se fixe alors sur les phospholipides membranaires, perturbant les passages trans-membranaires d'oxygène et d'ions.


CIRCONSTANCES :

* peut apparaître pour une pression partielle de 3,5 b chez les sujets très sensibles
* les 1ers signes visibles apparaissent habituellement dès 3,9 b d'azote
* la narcose est pratiquement constante vers 6 b d'azote, soit pour une pression absolue de 8 b en air, soit 70 m


SIGNES :

La narcose à l'azote, ou l'ivresse des profondeurs, donne des signes proches de ceux de l'action du LSD 25 :

* Augmentation du dialogue intérieur
* Diminution de la sensibilité visuelle, tactile et auditive
* Euphorie, confiance exagérée en soi
* Parfois au contraire anxiété
* Déséquilibre, désorientation
* Troubles du comportement
* Instabilité
* Hilarité incontrôlée
* Diminution de la mémoire
* Diminution de la vigilance
* Troubles de la coordination

Ces troubles disparaissent rapidement et sans séquelle dès la remontée en surface.


TRAITEMENT :

* Remonter ou faire remonter de plusieurs mètres le plongeur malade dès les 1ers symptômes
* Assister le plongeur en crise jusqu'à récupération complète.


PREVENTION :

* Adaptation progressive à la profondeur
* Interdiction de dépasser - 60 m
* Ne jamais chercher la performance


V°/ TOXICITE DES GAZ INERTES :

Une toxicité a été constatée dans des cas particuliers pour l'argon, l'hélium, l'hydrogène, le xénon, le krypton...
Ces gaz ne posent des problèmes réels que dans des conditions expérimentales.


VI°/ TOXICITE DU MONOXYDE DE CARBONE :

Ce gaz inodore à une affinité pour l'hémoglobine 273 fois supérieure à celle de l'oxygène. Il devient toxique pour une pression partielle de 0,2 bar. Sa toxicité apparaîtra très rapidement en plongée s'il venait à polluer l'air de gonflage des bouteilles.


SIGNES :

* Narcose, puis asphyxie très rapide
* pouvant être précédées de céphalées, nausées ou vomissements


TRAITEMENT :

Oxygénothérapie hyperbare


PREVENTION :

Respect scrupuleux des consignes de sécurité lors du gonflage des bouteilles.